Pouvez-vous nous parler du début de votre carrière Pauvre Diable, une anecdote, un déclic qui vous a poussé à vous lancer ?

Ça a été un long processus. J’ai eu une enfance assez difficile, mais remplie de musique. Après m’être fait renvoyer du lycée pour problèmes de comportement, j’ai fait une croix sur tout l’aspect artistique de ma vie pour rentrer dans le moule et me concentrer sur les études. Moitié par vengeance, moitié par peur de l’avenir, je suis retourné dans ce même lycée en classes préparatoires puis ai intégré l’École Polytechnique. J’ai continué sur ce chemin en fermant les yeux bien fort, guidé par les voix bien pensantes de la bonne société.

Au bout de 10 ans d’une carrière en finance à Londres, j’ai fini par me regarder dans le miroir et le fait que j’étais en train de passer à côté de ma vie m’a éclaté à la figure. J’ai alors décidé de tout plaquer, ma maison, mon pays et ma carrière. Je me suis installé au Portugal pour me consacrer entièrement à la musique.

Comment se passent vos répétitions et enregistrements ? (Lieu, durée, travail en équipe)

C’est toujours le texte qui vient en premier. Les mots sont vraiment l’élément le plus important de mes morceaux. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai choisi le slam : pour que toute l’attention se porte dessus.

Ça commence par une émotion qui m’assaille. Au début c’est discret, et je peux tenter d’ignorer les remous. Mais ils ne font que d’augmenter, et le bouillonnement fini par être assourdissant. Il est alors absolument nécessaire pour moi de m’asseoir et de poser cette émotion sur le papier, c’est le seul moyen de m’en soulager.

Parfois, c’est suffisant, et ce texte restera un cri éphémère oublié dans un cahier. D’autres fois, ce n’est pas assez pour apaiser l’émotion, et elle continue à me ronger de l’intérieur. Dans ce cas, je m’assois au piano, je ferme les yeux et je laisse mes doigts l’exprimer à travers cet instrument parfaitement complémentaire de la plume.

Lorsque le texte et le piano sont composés, j’ai toute l’âme du morceau. J’apporte les finitions avec une batterie, une guitare, ou un violon.

Ce processus est tellement intense pour moi que c’est trop difficile de le partager. L’émotion n’est pas encore assimilée, et je me sens trop fragile, mis à nu, pour la partager.

Mais lorsque j’ai fini un morceau, je me sens plus apaisé, et je ressens parfois que l’apport d’un autre musicien pourrait amener quelque chose de beau. Du coup sur quelques-uns de mes titres, vous pourrez entendre un autre pianiste ou une chanteuse par exemple.

Faites-vous du live ? Comment cela se passe-t-il ? Avez-vous un agent ou contrat de tourneur/booking

Je n’ai pas eu la possibilité de faire de live pour l’instant, j’ai lancé mon premier single « Hommage aux soignants » au début du Covid.

Quelle est votre prochaine actualité ? Des choses à venir ?

La sortie de mon EP le 25 Septembre ! J’ai hâte de vous partager ces beaux titres, qui parlent des difficultés de la condition humaine, des tensions existentielles, de conflits familiaux. Il y aura même une reprise d’un texte bien connu, mais avec une interprétation complètement différente. Mais je n’en dis pas plus, je vous laisse le suspens !

J’ai eu le bonheur d’avoir deux artistes exceptionnels qui m’ont rejoint sur cet EP: Silvano Macaluso (Octave de la musique et prix du jury au concours « La Rose d’Or ») et Joana Mendil (qui a brillé notamment dans « Les 10 commandements » et sur son duo avec Patrick Bruel).

N’oubliez pas de suivre ma page Facebook « Pauvre Diable » pour ne pas le rater !

Avez-vous un label ? Quels conseils pourriez-vous donner à un jeune talent pour en trouver un ?

Je n’ai pas de label, je suis 100% indépendant.

Avec Internet, les talents ont aujourd’hui une grande liberté pour faire découvrir leurs œuvres au public, quels sont les moyens / outils que vous conseillez ?

C’est vrai, mais c’est à double tranchant. Les réseaux sociaux permettent de partager très facilement sa musique, mais ces médias favorisent l’émotion extrême, rapide et facile. Il est très difficile de capturer l’attention pour faire écouter une vraie chanson à texte, avec de la profondeur.

Nous croulons en permanence sous un flot d’images et de textes ultra condensés, ultra percutants, optimisé à la virgule près pour atteindre nos reflexes émotionnels, nos instincts animaux. Pas le temps d’attendre que la lente machinerie du cortex se mette en route.

Du coup, attention à ne pas tomber dans le piège de la facilité en faisant du réchauffé au niveau musical, ou de l’écervelé au niveau du texte.

 

Que pensez-vous des artistes qui faussent leurs stats en achetant des vues ou des streaming ?

Je n’ai pas d’expérience dans ce domaine, mais il me semble a priori qu’ils gâchent leur temps et leur argent. A quoi bon des milliers de fausses vues ? Peut-être se disent-ils que de gros chiffres attirent l’œil, mais je ne pense pas que cela marche réellement. L’offre musicale est trop large à l’heure actuelle pour que le nombre de vues soit un facteur significatif à l’écoute, surtout pour percer.

Devenir célèbre, un objectif ou aboutissement selon vous ?

Personnellement, je fais très attention à ce que mon seul objectif soit de prendre du plaisir dans la création musicale. A trop se concentrer sur le résultat, on peut perdre le goût de la composition et de l’écriture ce qui peut être fatal. Je m’efforce donc à ne pas réfléchir à ce genre de questions, et je prends tout ce qui vient avec gratitude.