Avant toutes choses, comment expliquez-vous ce dernier sondage à 4,7 points sur l’Ile de France pour Latina?

Je ne vais pas dire « simplement » mais il faut une bonne dose de conviction, un travail de management pour une équipe convaincue, de la constance dans mes choix, pas trop de formalisme pour pouvoir s’affranchir des poncifs habituels, et du travail, du travail et…. du recul pour ne pas se laisser entrainer par le quotidien. Peut-être l’expérience est-elle un atout supplémentaire , et un certain « feeling » concernant le média radio…

Résultat, on peut passer de 1,6 à 4,7 en 3 ans sur Paris sans communication.

Pour commencer, pouvez-vous nous parler de votre mission artistique, celle de dénicheur de talents ?

Etre dénicheur de talents est assez complexe. Paradoxalement, ce n’est pas la fonction 1ère de la radio et cela est pourtant indispensable.

Il est d’abord important de fédérer un public le plus large possible autour d’une thématique musicale, autrement dit « Faire de l’audience mais sur un format clairement établi pour tous ».

Pour cela, il faut trouver le bon dosage entre les classiques, (golds ou récurrents), les nouveautés déjà établies ou en passe de l’être et enfin, les titres et artistes qui marqueront la différence. Ces titres exclusifs sont issus de cette recherche de talents.

Et le coup de coeur est ce qui fonctionne le mieux même si on essaie de le raisonner.

Comment se passe le choix de mise en rotation d’un titre, vu le grand nombre de productions que vous recevez ?

Le but ultime est de terminer numéro 1 sur la radio.

Cette notion doit être présente dans toutes les phases du processus d’intégration de nouveaux titres.

Se dire que l’on va jouer un nouvel artiste pour lui faire plaisir est une hérésie. Une radio se doit de le faire si elle est persuadée de pouvoir le voir terminer numéro 1 On Air.

Bien sûr, on se trompe souvent mais commencer en sachant que l’on ne va pas y arriver est le meilleur moyen de se planter.

3 exemples:

Ideym: Ils sont venus avec un CD sorti de leur home studio, j’ai écouté, aimé, j’ai hésité presque 2 mois et je suis parti en programmation. Ils sont arrivés numéro 1 très rapidement. Maintenant ils ont un tourneur et le 2eme titre arrive.

Soha : nous l’avons aidé à faire une salle sur Paris, puis une autre, encore une autre, jusqu’à l’Olympia 1 an plus tard et une grosse tournée en France et à l’étranger.

Lucenzo: Il est arrivé sans maison de disques, son producteur est venu avec le fichier numérique de « Emigrante del mundo ». 3 ans plus tard, Il est partout et vend beaucoup.

Ce ne sont que des exemples mais ce sont des artistes en qui j’ai crû au début de leur carrière et qui ont bénéficié du tremplin du média radio pour exploser. D’autres n’en ont pas besoin et nous ne sommes que caisse de résonance.

Prenez-vous en compte les commentaires de vos internautes concernant les titres diffusés ? Comment trouvez-vous l’équilibre avec les call out ?

Internet est le média le plus réactif. Tous ceux qui y sont actifs donnent les nouvelles tendances, toujours en avance, mais aussi prompts à se lasser.

Pourtant il faut savoir prendre en compte ces réactions sans perdre de vue que la majorité ne pense pas encore comme ça.

Et c’est exactement l’inverse pour les call out. Les réactions positives sur les nouveautés sont longues, très longues, et les réactions de rejet tardent souvent à venir.

Il faut donc se servir des 2 pour entériner ses choix de départ ou pour les changer, car personne n’est infaillible.

Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes producteurs et artistes pour vous faire parvenir leurs titres ?

Envoyer des fichiers par mail, des MP3 et la possibilité de downloader avec une meilleure qualité.

C’est simple et rapide. Le titre rentre directement dans l’iTunes et on peut le réécouter facilement sans chercher le CD dans le tas. sur le bureau. C’est aussi le meilleur moyen d’avoir une réponse.

Vous est-il déjà arrivé de ne pas jouer un titre et de revenir sur votre décision pour X raisons ?

Oh oui ! Il ne faut surtout pas avoir un ego mal placé sur ce plan.

En plus des qualités citées au début (mais on pourrait aussi rajouter l’intuition, la persévérance, et encore le travail), l’humilité fait partie de l’indispensable d’un bon directeur des programmes.

Finalement un peu comme Superman, avec la possibilité de s’envoler dans les sondages pas dans les airs !