Les Potes au Feu : Interview d’un groupe pas comme les autres !
Les Potes au Feu partagent, avec bienveillance et respect, leurs coups de gueule et leurs coups de mou, leurs galères et leurs joies.

Les Potes au Feu partagent, avec bienveillance et respect, leurs coups de gueule et leurs coups de mou, leurs galères et leurs joies.
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JBaf : Vinaz m’avait recruté via petite annonce sur Facebook dans un groupe qui s’appelait les Gaulois Réfractaires qui n’a duré qu’une année. Quelques mois plus tard on envisageait de monter un répertoire pour jouer dans des EPHADs et puis le projet a dérapé : Au lieu de répéter la Java Bleue et Emmenez-moi on a commencé à faire des compositions qui nous ont bien plu et qui marchaient bien dans les scènes ouvertes où on les montrait. Alors on a continué, on s’est dit « pourquoi pas ? » et ça a été le début de l’aventure des Potes au Feu.
Vinaz : Les Potes au Feu, c’est la suite spirituelle du projet des Gaulois, mais en formation resserrée. On fonctionne bien ensemble JBaf et moi, grâce à nos personnalités contrastées, chacun compense les failles de l’autre et ça marche très bien. Au moment où on a recommencé à jouer ensemble un an après la fin des Gaulois, je n’allais vraiment pas bien et j’étais devenu presque aphone. Je pense que ça a influencé. J’avais l’habitude de chanter des chansons vraiment très noires et de pousser ma voix dans des registres extrêmes. La dysphonie m’a forcé à revoir ma façon de chanter et j’ai voulu que les textes de ce nouveau projet soient plus lumineux, parler des mêmes trucs déprimant mais avec une touche d’espoir et d’humour, j’avais sans doute besoin d’un peu de lumière.
JBaf : Les répétitions c’est chez l’un ou chez l’autre. Soit Vincent vient à Paris parce qu’on a une date près de Paris, soit je vais à Strasbourg. Si on a des grosses dates on répète aussi avec Electra Drossos qui nous rejoint au violon, c’est ce qu’on a fait pour la release party en juin au Zèbre de Belleville.
Vinaz : On a énormément répété avant d’enregistrer l’album quand on habitait encore tous les deux à Paris, grâce à ça il a pu être enregistré en 4 jours.
JBaf : On adooore le live déjà parce que c’est là qu’on peut chanter aux gens qu’on ne les aime pas… et qu’ils peuvent le chanter avec nous. Au-delà de la blague, dans tout concert il y a toujours des côtés pénibles et des côtés merveilleux. Moi ce qui m’émerveille c’est de voir des gens touchés par une chanson ou de les voir chanter et danser avec nous. On a déjà joué 7 dates cet été, il n’en reste malheureusement qu’une pour le moment mais on est en plein démarchage et/ou en négociations pour des dates et des festivals sur la fin de l’année et pour 2026.
Vinaz : Ce qui est chouette c’est que pas mal de lieux nous ont contactés à la suite du clip de « J’aime pas les gens ». On fait beaucoup de choses nous-même et on se lance avec des gens qui se lancent aussi. Ça nous garantit davantage de liberté mais nous contraint aussi à beaucoup de prise de risques.
JBaf : Maintenant que l’album « Les carottes sont cuites » est sorti dans toutes les bonnes crèmeries, qu’il est entré directement en juin à la 9e place au classement francophone du Réseau Quota de radios indépendantes (ça nous a fait grave plaisir ça), la priorité c’est de tourner et de s’organiser des résidences pour écrire le 2e album, on a plein d’idée, il manque juste du temps pour s’amuser ensemble à créer, à faire à défaire, à s’amuser. On rigole beaucoup pendant qu’on compose et je me dis que notre public a échappé à un tas de blagues totalement ratées.
Vinaz : Oui, le contenu de la marmite n’a pas totalement été mangé, il y a du rab. Pour la suite, ça fait un an qu’on échange des idées, qu’on travaille les concepts de certaines chansons en attendant de les écrire. On a changé notre méthode de travail. Le premier album était composé à moitié de déterrage de chansons qui existaient déjà et à moitié de textes que j’avais déjà écrit et sur lesquels JBaf a composé les mélodies. Ça a donné un album spontané. En deux trois mois tout était prêt, on a eu un élan et on l’a suivi. Le prochain album sera davantage travaillé et homogène, on a décidé qu’on écrirait tout ensemble, qu’on composerait tout ensemble et on en a des trucs à dire. Y’aura aussi beaucoup plus de duos, pour profiter du fait qu’on est deux chanteurs très complémentaires. Ce second album promet d’être d’avantage engagé que le premier, mais toujours avec beaucoup de bienveillance.
JBaf : Avec de quoi faire danser les gens sur des thèmes sérieux.
JBaf : Pour résoudre la question de trouver ou pas un label j’en ai monté un. C’est Que l’Amour Vienne. Du coup il peut aussi produire d’autres artistes. Mon conseil si vous vous lancez dans la création d’un label : ne le faites pas seul sauf si vous avez une expérience dans la paye des intermittents, dans la comptabilité, dans la rédaction de contrats, etc. Si vous n’avez pas de label, ne désespérez pas, ce qui compte dans ce métier, bien plus que votre structure juridique, votre créativité et votre talent, c’est votre persévérance.
Vinaz : …bon et ce qui compte c’est l’amour ❤️ aussi bien sûr. Moi je leur dirais : Croyez en vous et en ce que vous faites, tout en ayant conscience que vous allez ramer et c’est normal, tout le monde a ramé. Je n’aime vraiment pas l’idée lancée dans les biopics modernes selon laquelle les artistes connus étaient des génies qui auraient été touchés par la grâce. Tous les artistes connus et talentueux ont galéré au début de leur carrière. Si vous avez une idée allez au bout de celle-ci. N’écoutez pas ceux qui diront que votre musique est trop douce ou pas assez, trop mainstream ou pas assez, si elle vous plait elle plaira à d’autres, vous n’êtes pas seul à avoir vos gouts, l’enjeu est de trouver son public plutôt que chercher à plaire à tous, ce qui est impossible. Vaut mieux assumer sa différence, c’est pour ça qu’on vous aimera.
JBaf : Comme je le dis souvent : Ce qui compte c’est l’amour ❤️. Tout le monde peut tout dire et tout publier sans que personne ne l’écoute. Avoir du monde qui vous écoute ça demande de l’engagement personnel et de la persévérance, peu importe l’outil. On a tenté pas mal de choses et ce qui a fonctionné pour nous c’est Facebook et YouTube, parce qu’on se rend compte que c’est là que va notre public. On a bidé sur TikTok et ça n’est pas folichon sur Instagram. Il y a aussi des choses qu’on a tentées dont on ne connait pas encore les retombées. Là où on a eu de la chance c’est que le clip « pasficiel » de « J’aime pas les gens » qui est juste un montage de « making of » habillé de quelques effets bricolés par un débutant en montage a super bien marché comme objet de pub.
Vinaz : Internet permet à n’importe qui de balancer sa musique dans un immense flot de musiques que personne n’écoutera. Et des fois sur un élan, un coup de chance y’a un de ces trucs qui attire l’attention de quelqu’un à qui ça va parler et ça va prendre. L’enjeu est de réussir à mettre le bon morceau dans les oreilles des bonnes personnes et de convaincre ces bonnes personnes dans l’océan de tout ce qui existe sur le net que notre morceau il est vachement bien.
JBaf : C’est super et je les adore ❤️ d’ailleurs je leur conseille aussi de payer des intermittents pour faire de la figuration à leurs concerts, ça fera du boulot pour les intermittents. Au-delà de la blague ben si c’est faussé, c’est faussé. Ça finira par se voir dans la vraie vie mais à la TV pas forcément puisque c’est l’apparence qui y compte. Le fake fait tellement partie de la culture et est devenu tellement accessible qu’en réaction je vais avoir tendance à privilégier tout ce qui est authentique, tout ce qui est tangible pour moi : le vrai contact humain alors du coup des artistes qui faussent leurs stats en 2025 je ne crois pas qu’il y en ait dans mon entourage.
Vinaz : Ils font ce qu’ils peuvent avec les outils qu’ils ont à leur portée, c’est tout. Après ça se voit, si t’achètes des vues mais que personne ne commente ou que la vidéo Youtube pointe à 5 likes, c’est un peu grillé. Et si ça marche tant mieux pour eux, tant que la musique est bonne, les choses ne marchent pas par accident, ou alors le risque est grand d’être célèbre le temps d’un quart d’heure comme disait Andy Warhol.
Vinaz : Avant d’être célèbre on va d’abord penser à comment pérenniser notre travail. La célébrité ça a jamais été vraiment mon truc, pas que je dirais non mais en vrai me faire emmerder dans la rue par des millions d’inconnus et vivre de luxe et d’excès c’est pas pour moi. Mon rêve c’est de réaliser la meilleure œuvre possible, donc percer c’est presque une condition. Vu combien coûte un album, je me rend compte qu’il faut des moyens immenses pour réaliser un The Wall et mon rêve plus que d’être célèbre c’est d’avoir mon The Wall à moi. J’ai bien deux opéra rock mais ils sont dans ma tête et sur des feuilles depuis quinze ans, j’aimerais que d’autres les entendent et à mon humble niveau je ne peux pas encore les réaliser.
JBaf : Essayons de distinguer les besoins fondamentaux qu’on nourrit derrière des stratégies : moi j’aime être vu, être écouté, être reconnu, m’émerveiller (et dans l’émerveillement y’a de l’amour et comme je dis toujours, ce qui compte : c’est l’amour ❤️). Tout le monde a ces même besoins. Je peux faire un puzzle avec mes enfants, construire des maisons ou enseigner l’écriture, ça peut aussi nourrir les mêmes besoins… ou pas. La stratégie qui consiste à faire de la musique pour faire rêver, danser, chanter, s’indigner, ou s’émerveiller les gens c’est une stratégie pour être vus, reconnus, écoutés aussi. Moi c’est ma stratégie préférée, mais il y en a d’autres. Y’a un autre besoin derrière tout ça c’est de contribuer à quelque chose de plus grand en faisant passer des messages humanistes et pour cela c’est mieux si y’a du monde qui les écoute mais ça n’est pas une fin en soi. On cherche un peu notre Ikigaï : le truc qu’on aime faire, pour lequel on est doué, dont le monde a besoin et pour lequel on peut recevoir de l’argent. Si ça peut être chanter des chansons ça sera top.
Plus d’infos sur leur site https://lespotesauf.eu/